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Enfant de Toumaï
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Enfant de Toumaï (Syrano)
On va chanter. Enchantée, l'assemblée est là
Pour tout réinventer, interpréter la norme et la loi.
Vous la sentez la liberté donc essayez-la.
C'est en lâchant prise, sans main mise qu'on touche du doigt
Cette sensation, cette impression d'être comme chez soi.
C'est un frisson, l'émotion, le moi et l'émoi.
Oublie le métal rigide et pâle et vibre comme le bois.
Pas de scène de ménage quand ça déménage.
Si on tond le lainage c'est pour tenter la rage,
Pour tomber en nage avec les méninges saines.
Pas de scène de ménage quand ça déménage.
Si on dompte nos cages c'est pour tromper nos âges,
Passer des messages, oui mais sans ce mélange de haines.
Si t'as fait des dividendes, c'est maintenant que tu lâches tout,
Si t'es tiraillé, qu'on te rançonne d'un peu partout,
C'est pas pour t'oublier dans le superficiel
Mais dire que « ciel » ne rime pas qu'avec « logiciel ».
Frappe des mains, vas-y, claque les minimaux,
Traque les éléments, change le décor et les maux.
Sers t'en, certains font de bons combustibles.
Pètes les fusibles. Nous ne sommes que des corps et des mots.
Invite à ta table des notables, des marginaux
Casse les codes, brise ta ligne Maginot.
Imagine un monde sans l'avidité de Dubaï et respire,
Enfant de Toumaï.
Pas de scène de ménage quand ça déménage.
Si on tond le lainage c'est pour tenter la rage,
Pour tomber en nage avec les méninges saines.
Pas de scène de ménage quand ça déménage.
Si on dompte nos cages c'est pour tromper nos âges,
Passer des messages, oui mais sans ce mélange de haines.
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Le petit soldat
02:53
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Le petit soldat (Syrano)
Je viens d'une contrée lointaine où l'on grandit sans âme,
Où le sang coule des fontaines et où le silence du vacarme
A depuis longtemps étouffé mon rire, mes parents.
La paix, ce n'est pas la peine. Je sais bien qu'elle affame.
J'aime vos manteaux de laine mais mon cœur est froid et réclame
Un peu de tendresse emmitouflée dans des bras bienveillants.
Dans un rêve, je pensais jouer mais le son des armes
Brise la trêve et vient renouer avec mes nuits de petit soldat.
Comme la mort est soudaine. La mort est un fracas.
La mienne résonne à peine, car elle n'a pas d'écho chez toi
Mais tes frontières m'ont tailladé le visage et l'avenir.
Je n'ai que faire de ces veines. Le mal y coule, je crois.
Toutes les luttes sont vaines, car ce sont déjà des combats,
Des petites guerres bien déguisées par la compassion des empires.
Dans un rêve, je pensais jouer mais le son des armes
Brise la trêve et vient renouer avec mes nuits de petit soldat.
Mais quand, dans la cours de récré,
Les enfants qui m'entourent recréent
Avec des bouts de bois, des mitrailleurs,
Je veux être ailleurs, je ne joue pas.
Je me cache, je me bouche les oreilles.
Je fuis les bruits qui dérangent mon sommeil,
La candeur délétère des anges
Qui rêvent de grandeur militaire.
Je croyais avoir côtoyer l'absurdité,
Que la folie était pire que la surdité
Mais quand mes camarades simulent d'être touchés,
Qu'ils gémissent avant de se coucher,
Je confonds les parades et le paradis,
mélange leurs palabres et la maladie.
Je n'ai pas choisi de mourir d'inquiétude
Moi j'ai fait la guerre. La vraie qui tue.
Dans un rêve, je pensais jouer mais le son des armes
Brise la trêve et vient renouer avec mes nuits de petit soldat.
Dans un rêve, je pensais jouer mais le son des armes
Brise la trêve et vient renouer avec mes nuits de petit soldat.
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Tsantsa
03:24
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Tsantsa (Syrano)
Je ressens l'étau se resserrer contre mes tempes
Depuis que des métaux et la conso contrôlent des temples,
Estampillent tout du seau du confort
Pendant que l'intellect et la raison s'estompent.
Laisse tomber! J'ai beau débattre avec des militants,
Je sens leurs idées aussi étroites que leurs gestes sont amples.
Qu'est-ce t'en dis ? Où sont les vraies servitudes ?
Y'a-t-il plus pestilentiel qu'une certitude ?
Et la peste court en les rues en grimant des espoirs
Porte des promesses à la présidence.
On adorera demain ceux qui laissent choir
Nos aspirations puis on les haïra, à l'évidence.
Tous corrompus par la pertinence,
Nous sommes contentés, voilà une perte immense!
Alors je parle au fou, au marginal,
En mettant en cause les vérités que mes marges inhalent.
Du lundi au samedi, des assauts. Le dimanche on se bat.
L'utopie, ça se débat dès le landau, sauf durant les ébats.
Pour le bandit, la victime à bon dos, surtout quand elle aime ça.
Et tandis qu'on brandit nos bandeaux, ils réduisent nos têtes en tsantsas.
Je parle de lutte et de vigilance.
J'oppose lieux de culte et intelligence.
Et pour la culture, j'ai l'outrecuidance
De montrer qu'aucune ne mérite allégeance.
On parle de paix dans un monde aux frontières incandescentes,
Où la notion de liberté me fait descendre d'un cran.
Ici on consomme de la tolérance
Et le conformisme a enterré les cahiers de doléances.
Je pousse juste la réflexion,
Jette les clés du savoir au fond d'un puits de science.
J'ai décidé d'ouvrir mon esprit, d'être un exemple,
Avant que la résignation ne me laisse exsangue.
Plus d'excuse, l'univers s'étend.
Je veux mes synapses et mes sens unis vers ces temps de combat
Pour transcender notre tendance à
Danser pour Satan et condenser nos cerveaux.
Du lundi au samedi, des assauts. Le dimanche on se bat.
L'utopie, ça se débat dès le landau, sauf durant les ébats.
Pour le bandit, la victime à bon dos, surtout quand elle aime ça.
Et tandis qu'on brandit nos bandeaux, ils réduisent nos têtes en tsantsas.
Et plus tu vas dans le monde, plus t'en vois,
Des oubliés qu'on ne regarde pas
Ou qui se perdent aveuglés par le noir,
Car un peu de lucidité c'est déjà trop de poids.
Alors ferme les yeux, sers-les. Ferme les yeux, sers-les.
Ferme les yeux, sers-les. Sers-les fort.
Du lundi au samedi, des assauts. Le dimanche on se bat.
L'utopie, ça se débat dès le landau, sauf durant les ébats.
Pour le bandit, la victime à bon dos, surtout quand elle aime ça.
Et tandis qu'on brandit nos bandeaux, ils réduisent nos têtes en tsantsas.
On détruit nos intuitions d'ado,
Sanctifie les centimes, les euros.
Imbéciles, indécis, pour bientôt :
Des sentiments sans prime, des sanglots.
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Le cimetière des éléphants (Syrano)
Je me sens lourd.
Mon corps, mes membres sont tellement usés et courbaturés.
Je déambule en chancelant
Et le velours
De ma peau ressemble à une page grise et raturée.
Un préambule au testament.
Je deviens sourd.
Je sème mes forces pour baliser la route de ceux qui vont naître.
Je pars vers un lieu de légende.
C'est sans retour.
Je vais paisiblement rejoindre la terre des ancêtres
Où les aïeux m'attendent.
J'ai dit mes « au revoir »,
Choisi mon purgatoire.
Le ballet d'une vie entière danse et le vent balaie tout
J'ai dit mes « au revoir »,
Choisi mon purgatoire,
Le ballet d'une vie entière danse et le vent balaie
Le cimetière des éléphants.
Le souffle court,
J'arrive avant l'ennui pour le dernier battement de cil
Ou d'aile de papillon,
Et mes amours
Vivront le nuit, car elles m'ont fui, si bassement dociles.
Des bêtes sans palpitations.
Des remords, des regrets comme des mastodontes.
Des vitres et des graviers pour masquer nos hontes.
Dur d'y voir de nos tours d'ivoire.
On a multiplié les défenses donc place aux comptes :
On classe, on catégorise, on se lasse des allégories.
De l'échange ne reste qu'une sale rhétorique
Et, du cœur, seuls des algorithmes.
Imagine donc ensemencer
Alors que la magie ne trompe plus la pensée.
Donc personne ne te suit en transhumance.
Dis-moi quel cynisme avancer ?
La réponse laconique, tout le monde la connaît :
Un amour braconné prend les êtres et les fend.
Dans la pierre fossile, en silence, l'enfant
Se laisse mourir comme un éléphant.
J'ai dit mes « au revoir »,
Choisi mon purgatoire.
Le ballet d'une vie entière danse et le vent balaie tout
J'ai dit mes « au revoir »,
Choisi mon purgatoire,
Le ballet d'une vie entière danse et le vent balaie
Le cimetière des éléphants.
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6. |
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La Terre est ronde mais divisée en mètres carrés (Syrano)
Tu t'en vas, tu reviens, de l'émoi en moins,
Moins d'estime pour l'humain. T'as moins confiance et pour te soigner
Tu t'en vas, tu reviens, de l'émoi en moins,
Moins d'estime pour l'humain. T'as moins confiance et pour te soigner
Tu t'en vas.
Laisse. Ne te fais pas mal à la rate.
Tu ne rates rien à ne pas partir
À part des sourires et des chants, mais arrête.
Je suis allé au pied du mont Ararat.
J'ai vu les barbelés entre les églises et les minarets.
Mes idées se sont égarées.
Oublie les terres bigarrées, c'est la guerre
Et la bagarre unit autant qu'elle sépare.
Partout s'éparpillent des réflexes de dos argenté.
C'est Sodome et Gomorrhe.
Les femmes soumises, Les sots d'hommes et les gosses morts.
Tous finissent par chanter
Des hymnes, et des prières pour des drapeaux,
Des dieux dont ils frappent sur les billets les seaux
Mais contre cet incendie, qui a pillé l'essence,
Rien ne sert ne vidé les sceaux.
Tu t'en vas, tu reviens, de l'émoi en moins,
Moins d'estime pour l'humain. T'as moins confiance et pour te soigner
Tu t'en vas, tu reviens, de l'émoi en moins,
Moins d'estime pour l'humain. T'as moins confiance et pour te soigner
Tu t'en vas.
Tu voulais évoluer sans destin,
Prendre la route, partout clandestin,
T'inviter chez l'autre pour un nouveau festin
Te nourrir de vie pour soulager tes intestins.
Ah oui, mais il reste un détail de taille avant l'amnistie.
Partout sur la planète sévissent les mêmes questions.
Pas d'armistice, que des testaments,
Car la Terre est ronde mais divisée en mètres carrés,
En territoires, en parcelles qu'on vole ou qu'on loue.
Faut être taré. Loups et moutons vont à l'abattoir
Et passent leur temps à fuir une échappatoire.
Tu es, car tu as. La peste et le choléra.
Reste la colère et les récits épistolaires.
Rien qu'un disque solaire, une analyse polaire
D'un monde ou le pire se tolère.
Tu t'en vas, tu reviens, de l'émoi en moins,
Moins d'estime pour l'humain. T'as moins confiance et pour te soigner
Tu t'en vas, tu reviens, de l'émoi en moins,
Moins d'estime pour l'humain. T'as moins confiance et pour te soigner
Tu t'en vas.
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Passage des poètes
03:52
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Passage des poètes (Syrano)
Y’a des rires de pater qui roulent sur l’asphalte.
Des rires pleins de maltes quand ils s’affalent par terre.
Y’a le rire des commères qui s’chamaillent, qui s’exaltent
Devant le teint de pierre de leurs vies qui font halte.
Y’a le rire des minettes qui ont séché l’école,
Qui bafouent l’auréole que leurs parents leurs prêtent.
Y’a le rire un peu bête du louveteau qui leur vole
Une fleur, une cigarette emportée par Éole.
Mais y’a des rires et c’est déjà ça.
On respire, on se lâche même si on fait pas la fête.
Mais y’a des rires, p’t’être plus que chez toi.
Je m’inspire et je marche sur le passage de poètes
Y’a le rire de l’Afrique, du Maghreb, de l’Asie
Et puis celui d’ici tous aussi nostalgique ;
Y’a le rire sarcastique d’une petite vieille sans mari
Sans prothèse acoustique et qui se plaint qu’y a trop de bruit.
Y’a le rire amer du policier en ronde
Qui a l’idée vagabonde à chaque « nique ta mère »
Y’a le rire en galère d’une jeunesse brune et blonde
Qui provoquerait la Terre pour s’ouvrir une seconde.
Mais y’a des rires et c’est déjà ça.
On respire, on se lâche même si on fait pas la fête.
Mais y’a des rires, p’t’être plus que chez toi.
Je m’inspire et je marche sur le passage de poètes
Y’a le rire étouffé d’un fantôme tout livide
Qui a la tête vide parce qu’il prend des cachets.
Y’a le rire caché d’une mère apatride
Qui regarde son dernier pédaler l’œil humide.
Y’a le rire un peu faux d’une mère qui se sent con
Car quand il fait bon sa fille fait plus de vélo
Et y’a le rire sans écho, juste un air, une chanson
Qui supporte une ado s’envolant d’un balcon,
Passage des poètes.
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9. |
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Syrano Donzenac, France
Si tu bouges ta tête alors bouge aussi ton cerveau...
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